Commissaire d'exposition : Daffa KONATE & Carole KVASNEVSKI
L'invitation de Maguette Mbow à l'évènement l'Afrique c'est Chic World Fest sonnne comme un manifeste, un édifice à construire, matière composite de résistance et de conviction.
Au commencement était l'Afrique, "berceau de l'humanité". Elle est entrée dans l'Histoire en ouvrant la plus grande page, celle de l'Homme... le "Out of Artfrica" ! Il est bon de le rappeler une
nouvelle fois en préambule, que cette terre noire se retrouve à Dakar, Paris, Londres, New York... Mais c'est bien dans ses racines, sur ce continent, que les luttes et résistances d'aujourd'hui et
de demain doivent se lever ou plutôt s'élever.
On ne peut plus se permettre d'ignorer les dynamismes, les différentes forces (politiques, économiques, sociales, intellectuelles, artistiques…) qui émergent dans les mondes africains et
afro-diasporiques. Ce désir fort de réinventer en permanence l’Afrique, régénérer ses valeurs, recomposer ses liens dans une dynamique positive se traduit également au niveau artistique.
La scène est vivante, foisonnante, débordante d’énergie avec tout aussi bien des artistes confirmés que des artistes émergents en Afrique et hors des frontières des continents, qui ont
comme point commun une volonté d’aller de l’avant. Le philosophe et historien Achille Mbembe dans Critique de la raison nègre dit "Il ne saurait donc y avoir de discours sur les formes contemporaines
de l'identité africaine qui ne tienne compte du génie hérétique au fondement de la rencontre entre l'Afrique et le monde. De ce génie hérétique découle la capacité des Africains d'habiter plusieurs
mondes et de se situer des deux côtés de l'image simultanément".
Ainsi les artistes présentées dans cette exposition sont force de vie, engagés dans l'acte de création. ils nous interrogent sur les grands enjeux, nous partagent leur peur, leurs craintes mais
aussi leurs espoirs. Les questionnements sont à hauteur des défis: la ruralité est elle condamnée à s'opposer à l'urbanité, et par conséquent les traditions séculaires sont elles amenés à disparaitre
comme les nombreuses espèces en voie d'extinction ; reconnaitre l'indicible passé colonial pour redonner une liberté à l'identité Africaine et enfin cette peur du migrant aussi bien sur le
continent Africain, européen ou Américain ne condamne t elle pas toute l'humanité dans sa chute si la victime devient coupable alors même que les maux : guerres, conflits et changements
environnementaux s'intensifient.
De toutes ces questions demeure une certitude, en l'absence de reconnaissance de la production culturelle et artistique, tout développement politique et économique sincères des pays d'Afrique est
voué à l'échec.